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Chasse forcée (2/4)...

Dans l'ordre des chapitres :
1) Chasse forcée... (1/4)
2) Chasse forcée... (2/4)
3) Chasse forcée... (3/4)
4) Chasse forcée... (4/4)
Nouvelle chasse (transition)

6 ans, les yeux marrons de Julie, brune, mon p'tit bout chou, et sa mère, Cécile, l'amour de ma vie. Il me les a arrachées toutes les deux. Depuis 10 ans, je le cherche. Ce soir, je pourrais enfin libérer mes fantômes, mes anges, et avec elles, apaiser mon cœur. Cette épreuve, je l'ai préparée depuis 10 ans. 10 ans de traque de ces monstres, de combats, de blessures plus ou moins graves, j'ai hérité de plusieurs cicatrices. Mais il n'y en a qu'une qui me fait souffrir et celle-là je la referme ce soir. C'est mon Graal, ou une déception de plus.

J'ai tout préparé. Pour surveiller la maison, depuis une semaine, j'ai "emprunté" un bateau. Je mouille de l'autre côté de la crique, sous le vent. Je dors dans le bateau, ce qui me permet de garder le contact presque permanent avec ma cible. Il travaille pour une société de pompes funèbres en tant que porteur de cercueil. Un comble pour un monstre.

Aujourd'hui, il n'est pas allé travailler. Le loup grandit en lui, comme la lune se rapproche... La nuit tombe peu à peu sur la crique, j'ai tout préparé, mes armes sont chargées de balles en argent. Mon couteau à la ceinture, lui aussi en argent, renvoie les rayons intenses de la lune, ronde, éclatante. Je suis prêt.

Nuit complète, la lune au firmament, le bateau glisse en silence sur les clapots de la crique. Je me rapproche doucement de la petite plage en contre bas de la maison. Une rampe de mise à l'eau apparait dans un renforcement, je ne l'avais pas remarquée. La porte du hangar surplombe la rampe. Elle est en partie ouver...


Lorsque j'ouvris les yeux, l'aube pointait déjà son nez. J'avais froid, j'avais mal, le goût du sang dans la bouche. Le ciel était bleu nuit, avec de rares nuages. Le sol en béton, sur lequel j'étais couché, était froid. Et visqueux, une flaque de sang me servait de matelas. La douleur explosa dans mon dos et ma jambe, je n'arrivais pas à me redresser. Quelques exercices de profondes respirations, histoire de recoller les yeux dans leurs orbites, et la deuxième tentative fût plus réussie, mais pas moins douloureuse.

Les yeux fermés, le temps de reprendre le souffle, suite à cette seconde poussée de douleurs, j'ai localisé les blessures : le genou droit, le dos, ma bouche.
Ma lèvre supérieure avait éclaté sur mes dents, elle était maintenant très enflée. Mes dents semblaient vouloir s'échapper, tant ça me lançait jusque dans les cheveux.
Mon genou présentait un énorme hématome remontant le long de la cuisse.
Mais le pire du mal venait du dos. J'ai alors aperçu mon manteau à côté de moi, déchiré de haut en bas, je n'ose imaginer l'estafilade profonde dont cette déchirure témoignait.
Le sang avait séché, et cela tirait encore plus sur les chairs à vif. Au moins, il ne coulait plus.

Devant moi en contre bas, le bateau s'était échoué sur le béton de la rampe, à moitié monté sur le muret.
Derrière j'ai entendu un souffle rauque, douloureux, chargé de liquide. Et ces trois mots : "Qui es-tu ?"

Je n'avais plus d'arme, le canon du fusil disparaissait dans l'eau à côté du bateau, à 3 mètres de moi, et mon couteau n'était plus à la ceinture.

Je me suis retourné doucement, craignant le coup qui allait m'achever et repoussant la douleur de ce mouvement.

Il était là, à une dizaine de mètres, adossé à la porte du hangar, bien plus mal en point que moi. Mon couteau planté dans le flanc, et deux impacts de balle, un dans l'épaule au-dessus du cœur, un second sous le téton droit, en plein poumon. Les trois plaies suintaient d'une mousse acide, la chair semblait se consumer. L'argent était en train de dévorer le monstre de l'intérieur.

- Qui es-tu ? J'ai le souvenir d'une odeur de merde sortant de toi...
Chacune de ses paroles était arrachée entre soupirs et sifflements.

Le loup s'était hissé à l'arrière du bateau, en silence. Son immense coup de griffe m'a projeté vers l'avant. Mon genou a percuté l'ancre posée sur le pont avant. Le temps de me relever le loup était déjà sur moi. J'ai réussi à lui planter le couteau dans le flanc en me retournant. Mais cela n'arrêta pas son coup de tête, en plein dans les dents. Le bateau toucha la rive au même moment et j'en fus éjecté. Le choc avec le béton fut rude mais je réussis à pointer mon fusil vers le loup. Un tir peu précis, à cause de la bandoulière enroulée sur mon bras, le toucha à l'épaule droite. Mais le second le faucha en pleine poitrine alors qu'il s'élançait vers moi. Je perdis connaissance à ce moment-là.

[Chasse forcée 3/4]

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