Dans l'ordre des chapitres :
1) Chasse forcée... (1/4)
2) Chasse forcée... (2/4)
3) Chasse forcée... (3/4)
4) Chasse forcée... (4/4)
Nouvelle chasse (transition)
- Tant d'années à te traquer. Je ne crois pas que tu pourras te souvenir de ce jour-là, où tu m'as laissé dans la fosse à purin, et que tu as tué ma fille et ma femme. Je t'ai retrouvé, Monstre, ahhh, je t'ai retrouvé...
Les larmes coulaient, nettoyant le sang sur mon visage. J'étais au bout de ma quête, son accomplissement était une douleur immense, parce qu'enfin aujourd'hui je pouvais pleurer mes amours.
Le lycaon me fixa dans les yeux, avec ce regard de reconnaissance, de libération, et un semblant de tristesse. Comme s'il partageait ma peine et qu'il me remerciait en même temps. Pas de regret, pas de pardon, un peu d'empathie et un simple merci non prononcé, son regard s'est éteint.
Mes sanglots étaient intenses sans qu'aucun son ne sorte de ma gorge à part les râles et les reniflements de ma douleur accumulée depuis tant d'années. Je peux enfin les rejoindre. Je me suis allongé à nouveau dans mon sang, les larmes s'asséchant, j'ai fermé les yeux et laissé mon esprit s'en aller. Le sommeil me cueillit du fait de mon relâchement complet et cette fatigue lourde du poids de toutes les traques que j'ai pu mener...
Une brise légère et fraiche accompagnait mes pas. J'avais l'impression de marcher sur du coton, au sein de cette brume épaisse. A peine si on distinguait les ombres des arbres qui bordaient cet étroit chemin.
Loin devant au cœur du brouillard, semblait scintiller un faible lueur, à peine perceptible. Mais je savais que je devais me diriger vers elle. Je posais un pas après l'autre mais sans avoir la sensation d'avancer. La lueur toujours à peine perceptible, ne grandissait pas. Comme un point à l'infini que jamais je ne pourrais atteindre.
Et puis une ombre se dessina, sur le chemin, sortant de la ouate. Une silhouette, plus précise maintenant, mon cœur s'emballa. J'ai reconnu cette apparition.
- Cécile, hurlai-je !
Elle apparut vêtue d'un chaperon rouge, qui lui cachait les yeux. Je n'arrivais plus à avancer alors que je voulais m'élancer vers elle. C'est elle qui s'approchait lentement vers moi. Les traits de son visage se firent plus net, sa beauté ne s'était pas fanée, l'éclat de son regard toujours le même. Je ne contrôlais plus mes émotions, mon enthousiasme. Mais j'étais paralysé. Je désespérais de la voir s'approchait si lentement. Puis ma vision changea, du sang se dessina sur sa joue, puis sur l'autre joue. Son visage commença à se transformer. Un rictus agressif modifia son expression. La métamorphose se fit plus insistante, plus rapide. Son corps commença à se tordre, le cou en arrière, les bras à l'envers, avec des soubresauts violents, il me semblait entendre ses os craquer. La dernière image qui se grava sur mes pupilles fût la mâchoire énorme d'une louve furieuse à 30cm de mon visage.
Ce fût un réveil brutal, dans un cri puissant, j'étais en sueur assis sur un lit, le dos violemment douloureux, jusqu'à la racine de mon cou. Pourquoi ai-je cru que je pouvais enfin être libéré ? Il est mort et j'ai toujours aussi mal...
Mes blessures sont douloureuses, mais d'où vient ce bandage tout autour de mon buste ? Où sont mes habits ? Je regarde autour de moi, cette chambre, ce lit. Trop longtemps que je n'ai pas goûté la douceur de draps.
Péniblement je tente de me lever. Ça tire dans le dos. En boitant je m'approche de la fenêtre. Elle donne sur la petite crique, mon décor depuis une semaine. Je suis à l'étage de la maison que je surveillais, la maison du loup garou. Le ciel bleu, le soleil, malgré l'hiver les journées sont belles dans cette région.
Comment me suis-je retrouvé là ? En écartant le rideau j’aperçois un mouvement dans l'eau au milieu de la baie, un nageur ? Courageux en plein hiver, l'eau doit être froide même par cette belle journée.
Oui, vraiment courageux... Non, elle est courageuse. Ses mouvements sont fluides, légers, elle glisse sur l'eau. Atteignant la plage, elle se redresse nue et pâle, très pâle. La mer semble se retirer pour lui laisser toute la place, repoussée par de longs cheveux noirs. Ses gestes sont voluptueux comme si elle savait que je l'observe. Je reste hypnotisé par la vision, des lignes parfaites, des courbes sauvagement dessinées, pures, cambrées, provocantes. Elle ramasse sa serviette et en se redressant lève les yeux vers ma fenêtre. Nos regards se croisent, et son sourire me confirme qu'elle sait que je la regarde.
Je m'écarte de la fenêtre, et retourne sur le lit. Il me faut comprendre comment je suis arrivé ici, qui m'a nettoyé les plaies, soigné les blessures, et m'a installé dans ce lit. Je repère des vêtements sur la chaise de l'autre côté de la chambre. Ce ne sont pas les miens, mais ils sont à ma taille. Des sous-vêtements, un pantalon plutôt élégant, une chemise épaisse, un gilet et une veste chaude. J'arrive à m'habiller, difficilement, avec de fortes douleurs, mais supportables.
J'entends une porte claquer au rez de chaussée. Je vais enfin savoir qui s'est occupé de moi, et où est le loup-garou. M'habiller m'a épuisé je retourne sur le lit, incapable de sortir de la chambre, d'aller au devant de mon samaritain, mes douleurs sont trop fortes. Pas grave, j'entends les pas dans l'escalier, les réponses à mes questions viennent à moi...
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